Tous mes articles

ONU, nous voilà!

Personne ne nous a remarqués et c'est peut-être mieux ainsi...

La Suisse a donc rejoint les rangs de l'ONU. Maigre consolation: elle a raté son entrée!

D'abord, l'arrivée de la Suisse au sein des Nations Unies est passée totalement inaperçue. Ici bien sûr, où personne ne s'est intéressé à cet événement à part quelques journalistes en manque de sujets. Mais surtout à New York, où toute l'attention était monopolisée par la commémoration des attentats du 11 septembre et par la menace d'une nouvelle guerre américaine contre l'Irak.

Ensuite, les plus pessimistes des opposants, qui pensaient qu'il ne faudrait pas longtemps avant que ne se présentent des situations embarrassantes pour notre neutralité, étaient loin en dessous de la réalité: le jour même où nous sommes arrivés, nous nous sommes retrouvés en plein débat sur l'opportunité d'une intervention militaire qui risque d'avoir lieu de toute façon. Beau cas d'école pour nos équilibristes de la neutralité à géométrie variable! Nos diplomates ont alors annoncé que la Suisse approuverait la position du Conseil de Sécurité (qu'ils ne connaissaient pas encore) et qu'elle ne profiterait pas de sa neutralité pour s'abstenir de prendre parti. C'est ce qu'on appelle "faire entendre sa voix dans le concert des nations".

Enfin, la Suisse a été obligée de montrer à la face du monde ceux qui lui servent d'édiles. Pas brillant! Des ministres insipides, ternes, inconsistants, presque inexistants, mais affichant une mine épatée et ébahie à l'idée de se trouver dans un grand building au milieu des grands de ce monde. D'authentiques répliques de Heidi quittant son alpage pour la ville, la fraîcheur en moins. On a même vu se promener là-bas un tout nouveau conseiller d'Etat vaudois, lequel a déclaré par la suite que sa présence avait notamment pour but de rassurer les Américains un an après les attentats: "C'est pour leur dire, tout d'abord: vous n'êtes pas seuls au monde, nous sommes avec vous!". Est-ce vraiment rassurant?

Notre pays avait décidément meilleure façon lorsque ses délégués étaient cachés sur des strapontins, tout derrière!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 20 septembre 2002)