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La manif qu’on kiffe

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Il y a deux semaines, les rues de Lausanne ont vu défiler plusieurs milliers de maçons, mécontents de l’absence de progrès dans les négociations censées aboutir au renouvellement de leur convention collective. Comme nous évitons autant que possible de nous rendre dans la capitale, c’est par la presse que nous l’avons appris.

Une manifestation de plus dans la longue liste des protestations qui s’approprient les rues de la ville? Oui… et non! Celle-ci, sur la base des comptes rendus que nous avons lus, nous apparaît pour une fois beaucoup plus sympathique que les autres!

Nous ne voulons pas non prononcer ici sur le bien-fondé des revendications de la branche. Il arrive parfois que les syndicats poussent un peu le bouchon; mais il arrive aussi que certains patrons alémaniques soient des têtes de lard. Nous ne connaissons pas assez le dossier pour juger.

Cela ne nous empêche cependant pas d’éprouver une sympathie certaine pour ces manifestants. Pensez donc: des maçons! De vrais maçons pour qui la maçonnerie consiste à bâtir des murs (et non à énoncer de fumeuses professions de foi). Des hommes, rien que des hommes – à qui on n’imagine pas demander s’ils se définissent comme tels. Une manif hyper-genrée, donc. Pas d’intellectuels éco-anxieux et autocollés exigeant des toilettes inclusives ou l’interdiction de la mobilité individuelle, mais de solides ouvriers réclamant de meilleurs salaires pour faire vivre leur famille. Ouvriers, salaires, famille, une vision hyper-traditionnelle, donc, rétrograde même, qui a dû donner des aigreurs d’estomac à quelques élus municipaux. C’est presque un miracle que la police anti-émeute n’ait pas été engagée pour disperser ces gens si peu conformes à l’écosystème urbain de la capitale.

A quand une manifestation de chauffeurs de poids-lourds?

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2214, 18 novembre 2022)