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La Nation aux confins du Canton

Inéluctabilité du bonheur que nous procure la politique vaudoise

Certaines communes parmi les plus éloignées de la capitale souffrent de l'indifférence du Canton à leur égard. Parfois, elles lorgnent de l'autre côté de la frontière, vers des terres voisines où les distances semblent moins grandes et l'herbe plus verte.

La Ligue vaudoise, qui s'intéresse à tout ce qui est vaudois, se préoccupe en particulier de ce qui est encore vaudois mais menace de ne plus l'être. Le danger de voir le territoire se démembrer suscite des articles dans La Nation, voire des soirées de conférences.

Du coup, les responsables des communes concernées sont heureux de voir des Vaudois s'intéresser à eux, de lire un journal qui parle de leurs problèmes. Ils découvrent La Nation et s'y abonnent, au moins pour voir.

On sait assez l'énorme effort que nécessite la promotion d'un journal comme La Nation, dont les collaborateurs sont bénévoles et le contenu souvent à contre-courant. De ce point de vue, on peut considérer comme une aubaine l'attention que nos positions éveillent aux confins du Pays de Vaud. Si notre désir d'augmenter le nombre de nos abonnés était mâtiné d'une once de machiavélisme, nous souhaiterions alors que se multiplient les cas de communes prêtes à déserter! Plus les marches du Canton se déliteraient, plus nous y consacrerions d'articles, et plus nous y trouverions donc de lecteurs. Au final, Lausanne serait entourée de terres de moins en moins vaudoises, ce qui nous chagrinerait, mais de plus en plus abonnées à La Nation, ce qui ferait notre affaire.

Cela ferait même doublement notre affaire puisque les politiciens vaudois, apparemment peu émus de voir des franges du territoire prêtes à se détacher, seraient en revanche sûrement plus ébranlés par la perspective de voir La Nation s'y répandre. Gageons donc que, pour saper notre influence, ils feront ce qu'ils doivent pour satisfaire les régions périphériques. Pour notre plus grande satisfaction puisque c'est justement l'idée que nous défendons.

Et c'est ainsi que la politique vaudoise, qu'elle se soucie des extrémités du Canton ou qu'elle les néglige, travaille de toute manière au bonheur de la Ligue vaudoise.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 27 décembre 2002)