Tous mes articles

Guerres et paix

A l’Université de Genève, un petit groupe d’activistes, soutenu par les syndicats étudiants, fait désormais la loi dans les auditoires, décidant de ce qui est acceptable ou non, chahutant, interrompant, déchirant des conférences dont ils n’ont pas pris connaissance mais qu’ils estiment néanmoins «offensantes».

D’une certaine manière, nous pourrions les comprendre. Nous pensons, nous aussi, que de nombreux discours universitaires mériteraient de disparaître sans avoir jamais été entendus. Mais arriverons-nous à nous mettre d’accord avec ces collectifs bariolés sur le choix des thèmes à mettre à l’index?

Toujours est-il que, après le deuxième coup d’éclat de ces joyeux drilles, le rectorat de l’Université avait déclaré que cela dépassait les bornes et que plainte pénale serait déposée. Quelques esprits chagrins s’étaient alors mis à ricaner dans leur barbe: «Chiche qu’ils n’oseront pas; ils ont bien trop peur de cette petite minorité d’extrémistes et de leurs relais médiatiques…» Mais ce n’étaient là que persiflages d’esprits chagrins.

Aujourd’hui, c’est officiel. «Les interruptions de conférences […] survenues dans l’enceinte universitaire les 29 avril et 17 mai ne donneront pas lieu à une plainte pénale. Le rectorat est revenu sur son intention initiale [et] a préféré opter pour "un dialogue ouvert" […]. Ce processus lui paraît être "mieux à même d’éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir".»

Tout est bien qui finit bien, donc. Après tout, c’est par le dialogue qu’on résout les conflits, non?

C’est dans cette optique que, logiquement, l’OTAN et l’Union européenne devraient bientôt annoncer qu’elles renoncent à toute sanction contre la Russie, préférant opter pour un dialogue ouvert avec Moscou, un tel processus étant certainement mieux à même d’éviter que des événements tels que ceux d’Ukraine se reproduisent à l’avenir.

[Nous présentons nos excuses aux lecteurs qui se sentiraient offensés par l’insolente comparaison suggérée dans nos propos.]

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2204, 1er juillet 2022)