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La désobéissance civile est-elle encore possible?

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Zadistes, rebelles-éteints, militants climato-angoissés, grands-parents en révolte contre l’ordre petit-bourgeois de leurs grands-parents, trublions en tous genres et en toutes causes et autres hors-la-loi médiatisés semblent désormais devenus les héros des tribunaux. Leurs frasques théâtrales, si elles ne convainquent que modérément le citoyen moyen forcé de respecter la loi, font en revanche grand effet sur la justice: les acquittements, encore surprenants il y a quelques mois, désormais se suivent et se ressemblent.

Est-ce à dire que n’importe quel citoyen qui lutte pour une cause juste et légitime – la gratuité de la «sans plomb 98», la déductibilité du revenu imposable, la semaine des quatre dimanches, les repas sans légumes, l’instauration de la monarchie dans le Canton de Vaud – peut désormais occuper l’espace public (et privé) comme bon lui semble, sans risque de sanction? Car enfin, dès lors que personne n’imagine un seul instant que la justice puisse être politisée à gauche, le traitement réservé à toute forme de militantisme devrait logiquement être le même.

Cela signifie qu’un grand nombre de personnes vont désormais se sentir autorisées, notamment, à bloquer n’importe quelle artère du centre-ville pour attirer l’attention sur leur juste combat. Et c’est là qu’apparaît un problème insoluble: où ces gens vont-ils trouver un axe routier de la capitale qui ne soit pas déjà bloqué, ou dont le blocage serait encore susceptible d’attirer l’attention?

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2193, 28 janvier 2022)