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L’économie forme un tout dans lequel chacun a sa place

Quelques scrutins récents, notamment sur l’initiative «entreprises responsables», sur l’accord commercial avec l’Indonésie, ou encore les succès électoraux de certains partis très opposés à l’économie privée, semblent mettre en évidence un fossé grandissant entre les préoccupations de la population et celles du monde économique. De ce dernier, le citoyen lambda ne veut retenir que les aspects les plus idylliques: le petit commerce local, les entreprises à l’exemplarité militante, les activités parapubliques ou subventionnées. On se détourne en revanche avec dédain du commerce international, de l’industrie, des PME trop classiques et même désormais de l’agriculture un tant soit peu intensive.

Certains observateurs de la vie politique tentent d’expliquer ce phénomène. On admet certes qu’une part de responsabilité revient au monde économique lui-même, coupable d’erreurs et d’excès. Mais d’autres facteurs entrent en jeu. Un article de la Neue Zürcher Zeitung du 30 avril fait remarquer que la part des emplois étatiques ou paraétatiques liés à l’administration, à la santé et à la formation a passé de 18% en 1991 à 27% en 2020. A l’inverse, les emplois dans le secteur industriel – où l’on est plus sensible à l’importance du commerce international et à la nécessité de la compétitivité – ont vu leur proportion se réduire, sur la même période, de 21% à 13% seulement. On a affaire aujourd’hui à une population qui se sent moins directement concernée par les enjeux économiques. Le faible taux de chômage, la stabilité des prix, l’opulence des pouvoirs publics et la possibilité de s’endetter gratuitement donnent le faux sentiment que la prospérité helvétique n’est pas menacée et que l’Etat reste le principal garant de notre bien-être.

Il y a aujourd’hui un message à faire passer, pour affirmer que le tissus économique forme un tout complexe dans lequel chacun a sa place. Que le commerce local nécessite parfois une infrastructure informatique issue du commerce international, tout comme il bénéficie aussi d’une clientèle liée aux multinationales. Que les «circuits courts» ne sont pas incompatibles avec les échanges mondiaux. Que la prospérité, historiquement, a presque toujours été liée au commerce entre les nations, et que cela vaut particulièrement pour la Suisse. Et enfin que la croissance est indispensable à de nombreuses activités humaines, y compris à l’alimentation des caisses publiques.

(L'Agefi, 14 mai 2021)

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