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Pour en finir avec cinquante ans d’inégalité

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Les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Ce n’est pas nous qui l’affirmons – jamais nous ne l’oserions – mais la Radio-télévision suisse romande, qui relaie les conclusions d’une enquête officielle «VOTO». Cette découverte scientifique est liée à l’unique sujet qui intéresse les médias en ce moment, à savoir la célébration du cinquantième anniversaire du droit de vote des femmes. On apprend ainsi que ces dernières, selon les chercheurs, ne votent pas de manière égale aux hommes: «Généralement plus à gauche, les votantes ont fait passer des changements politiques et sociaux que les hommes refusaient. […] Norme antiraciste, libéralisation des règles du mariage, moratoire sur les centrales nucléaires, naturalisation facilitée: sans le suffrage féminin, ces évolutions n'auraient pas vu le jour.»

Si nous avions émis l’hypothèse que la revendication du suffrage féminin – tout comme celle d’accorder le droit de vote aux étrangers, ou aux enfants dès seize ans – répondait à des motivations politiques visant à favoriser le succès des idées de gauche, on nous aurait traités de complotistes. Et on nous aurait affirmé que c’était faux. Tandis que si ce sont des sources officielles qui le révèlent, ça passe beaucoup mieux.

Ce constat nous ramène au titre d’un communiqué des Verts lausannois: «50 ans de droit de vote des femmes, et après?» De manière un peu hâtive (et cynique), nous avions d’abord interprété ce «et après?» dans le sens de: «Et alors? qu’est-ce qu’on en a à faire?» Nous comprenons maintenant notre erreur: il s’agissait plutôt d’un appel à se projeter dans l’avenir, à franchir un pas supplémentaire afin qu’à l’égalité de droit succède – enfin! – l’égalité de fait. En d’autres termes: les pouvoirs publics sont appelés à agir avec détermination afin que les femmes se mettent à voter – enfin! – comme les hommes, plus à droite et de manière plus conservatrice.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2168, 12 février 2021)