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Persiflage viral

Superstition

Jadis, lorsqu’une grande calamité s’abattait sur une communauté, les gens se rassemblaient dans les églises et y allumaient des cierges. C’étaient des périodes d’obscurantisme et de superstitions religieuses. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde rationnel et scientifique. Lorsque survient une épidémie un peu vigousse, nos concitoyens tentent de conjurer le mauvais sort en peignant des lignes jaunes sur la moitié de la route et en empilant de vieilles palettes pleines d’herbes sur l’autre moitié.

Récupération

Les contempteurs de la société de consommation n’aimaient pas le monde dans lequel nous vivions – heureux et insouciants tout de même – avant l’apparition de la pandémie. L’idée d’un retour à la normale les plonge dans un déferlement de terreur et de fureur, eux qui ne rêvent que d’une nouvelle société radicalement différente, égalitaire et sans profit. Mais ces braves gens voient aujourd’hui leurs slogans récupérés par certaines grandes firmes multinationales, à commencer par un vendeur de soda mondialement connu («Qui décide que l'on doit revenir à la normale?»). Eh oui, les révolutions n’accouchent jamais du monde meilleur auquel on rêve.

Contamination

La nouvelle cause des humanistes occidentaux, c’est la révolution de couleur en Biélorussie. «La Biélorussie de papa est morte», a écrit un journaliste visiblement tourmenté par les conflits intergénérationnels. Dans les pays voisins, on assiste à des scénographies conçues pour être émouvantes: «Des dizaines de milliers de Lituaniens se sont donné la main dimanche pour former une chaîne humaine de solidarité avec les protestataires.» Aucun éditorialiste ne semble s’être offusqué de cette absence de geste barrière. Et si nous, Vaudois, formions une chaîne humaine de solidarité contre la pression fiscale, pourrions-nous aussi recommencer à nous serrer la main?

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2156, 28 août 2020)