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La gestion de crise mise en application

Si l’aide d’urgence des pouvoirs publics est précieuse, elle ne remplace pas la préparation individuelle à affronter une crise.

Un sondage de la Banque cantonale vaudoise a révélé, il y a quelques jours, que les entreprises du canton restaient optimistes face aux conséquences de la crise sanitaire. On s’en réjouit. Mais quels sont les facteurs qui permettent à une économie très fortement ralentie pendant trois mois de redémarrer dans de bonnes conditions, ou au moins avec des perspectives positives?

Les moyens financiers alloués par les collectivités publiques pour venir en aide aux personnes économiquement touchées – salariés, employeurs, indépendants – ont joué un rôle important. On a ainsi évité que des individus se retrouvent démunis; on a aussi et surtout évité, grâce au chômage partiel, que les entreprises doivent licencier leurs collaborateurs; on a enfin évité, par des crédits avantageux et rapides, que des entreprises viables se trouvent étranglées par un manque temporaire de liquidités. Mais si l’Etat a pu engager des sommes considérables, c’est parce que les finances publiques en Suisse étaient globalement saines. C’est une des leçons à retenir, au moment où le monde politique se demande à quel rythme il faudra rembourser les sommes dépensées: le plus vite sera le mieux, afin d’être prêt en cas de nouvelle crise.

Mais on a vu aussi que les aides publiques ne suffisent pas toujours. Certaines d’entre elles ont dû être adaptées, laissant quelques catégories de personnes dans l’incertitude pendant plusieurs semaines. Même les dispositifs standards ont connu des retards, face à la masse énorme des demandes. Pour le droit aux allocations perte de gain, un seuil de revenu a dû être fixé et les indépendants jugés suffisamment aisés n’en ont donc pas bénéficié. Il ne s’agit pas forcément de défauts inhérents au système: le rôle de l’Etat n’est pas de fournir une assurance contre les risques, mais d’apporter une aide d’urgence, forcément limitée.

On peut ainsi estimer, hors de certains cas particuliers, que les entreprises et les entrepreneurs qui s’en sont le mieux sortis sont ceux qui ont été prévoyants en ne comptant pas seulement sur les soutiens publics. On a beaucoup parlé de l’imprévoyance de l’Etat, qui s’est laissé surprendre par des stocks insuffisants de matériels médicaux. Mais le défi est le même pour les entreprises et les individus: il s’agit d’analyser chaque risque et de décider du meilleur moyen de s’en prémunir. Beaucoup le font déjà, en se préparant à l’éventualité d’accidents techniques, de débiteurs insolvables ou d’attaques informatiques. Le risque d’une crise sanitaire et d’un arrêt des activités sur plusieurs semaines doit désormais aussi être envisagé, avec ce que cela suppose de réserves financières, de stocks matériels, de prudence vis-à-vis de la logique des flux tendus. De telles précautions ne sont pas toujours possibles partout, et elles se déclineront différemment selon les situations. L’important est que la possibilité d’une crise soit envisagée et que la manière d’y faire face soit établie, connue et entraînée.

En ce sens, l’optimisme de nombreuses entrepreneurs est aussi le résultat de leur bonne préparation.

(L'Agefi, 25 juin 2020)

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