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Le «geste-barrière» qui sauvera le monde de demain

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N’allez pas croire que nous allons vous parler d’autre chose. Le coronavirus: il n’y a plus que ça dans le monde. Le monde lui-même n’est plus qu’un immense coronavirus. Pourtant, de plus en plus de gens commencent à imaginer sa fin. La fin du coronavirus, bien sûr, mais aussi un peu la fin du monde. Car celui-ci, aujourd’hui, se divise en deux catégories. D’un côté, on trouve des gens comme vous et moi, qui pensent qu’on traverse un sale moment, qu’il faudra ensuite en tirer quelques leçons (comme on tire des leçons de tous les problèmes que l’on rencontre), mais que le monde va tout de même continuer à tourner, avec ses gens bons et ses gens bêtes, ses managers et ses syndicalistes, ses avions et ses écologistes, avec La Nation et les autres journaux. En face, il y a les autres, ceux qu’on appelle les collapsologues; eux savent qu’il y aura un avant et un après (ce qui est souvent vrai), que le monde d’hier est définitivement révolu, que le monde de demain ne sera plus jamais comme avant, que notre civilisation est en train de s’effondrer, que nous allons entrer dans une nouvelle ère, dans une société différente où les rapports humains seront complètement transformés et où les gens vivront d’amour, d’eau fraîche et de légumes bios cultivés dans des potagers locaux. (Mais on mangera quoi, alors?)

Il est toujours grisant d’imaginer que l’on vit un moment charnière de l’histoire. Ça permet de donner du relief à son existence.

Que ce soit vrai ou non, pour le moment, nous ne le savons pas. Tout au plus pouvons-nous tenter d’imaginer les principales leçons que nous allons retenir des événements actuels.

Nous allons retenir, d’abord, qu’il y a autour de nous énormément de gens qui, si on voulait bien les écouter, géreraient n’importe quelle crise beaucoup mieux que tous les autres.

Nous allons retenir, paradoxalement, que les virus n’arrivent pas toujours par voie électronique, et même qu’on est parfois mieux protégé en communiquant par internet.

Nous allons retenir qu’il est utile de se laver les mains souvent et soigneusement. (Cas échéant, les pieds aussi.)

Et nous allons retenir, enfin, que les virus se transmettent par les gens qui ont toujours la bouche ouverte. Cela constitue une sérieuse piste de réflexion pour mieux organiser la sécurité sanitaire du monde de demain.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2146, 10 avril 2020)