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Eté olympique

Où l'on découvre comment le sport et l'écologie peuvent devenir utiles

Il paraît qu'il va encore y avoir des jeux olympiques! Heureusement très loin d'ici, à Athènes. Les athlètes ont bien raison d'aller se faire voir chez les Grecs. D'abord parce que ces derniers ont une expérience assez ancienne en la matière, quoi qu'en pensent les organisateurs des JO actuels. Ensuite parce que notre bonne ville de Lausanne a déjà assez donné pour le sport cet été.

Dès juin en effet, les contribuables de la capitale ont eu à subir, une fois de plus, la barbarie imbécile de quelques tribus dont l'horizon de développement ne dépasse pas le diamètre d'un ballon de football, rappelant ainsi que, selon la loi (éminemment sportive) du plus fort, il suffit d'être assez nombreux pour faire ce que l'on veut et tant pis pour les autres. Le sport véhicule donc des valeurs de paix et de tolérance, comme nous l'ont ensuite redit nos notables lorsque la flamme olympique est arrivée dans notre bonne ville. Cela aussi, ce fut un événement. Imaginez une bête flamme, comme n'importe qui peut en allumer avec n'importe quel briquet, mais portée au milieu de la route par des piétons escortés par la police (au point qu'une personne au demeurant charmante s'avoua déçue de n'avoir vu «que» des voitures rouges et blanches - mais, chère Madame, c'était la seule chose intéressante!). Les sportifs n'ayant décidément pas le sens de l'orientation, ce cortège inutile - on aurait pu poser cette fameuse flamme dans une camionnette et l'amener rapidement et sûrement à bon port - a traversé la ville dans tous les sens avant de trouver enfin le chemin des installations sportives où cette grosse allumette devait être rangée. Les Lausannois en ont été quitte pour poireauter une fois de plus dans les bouchons.

Ce qui nous a finalement consolés, c'est de constater que le sport, nuisance horripilante dans la capitale vaudoise, a en revanche un aspect sympathique sur les bords de la Limmat: il indispose les écologistes locaux opposés à la construction d'un nouveau stade. Là-bas, les fanatiques de ballons ronds et les amoureux des petites fleurs se crêpent le chignon, montrant par là que, lorsqu'on les combine, le sport et l'écologie peuvent devenir utiles.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 23 juillet 2004)