Tous mes articles

Ecoutons la voix des (autres) jeunes

Illustration

Nous avons déjà évoqué ici, à leur grand dam, les jeunes (dont on découvre peu à peu qu’ils étaient solidement encadrés par des adultes) récemment descendus dans la rue pour protester contre le réchauffement climatique. Cette nouvelle génération qui ne s’est jamais tellement souciée de lever le petit doigt contre les dérives qui, depuis des années, détériorent quotidiennement, concrètement et perceptiblement notre environnement politique, social, familial, culturel, intellectuel, philosophique, scolaire, sanitaire et sécuritaire, se mobilise soudain parce que des scientifiques l’ont convaincue qu’une apocalypse climatique se produira certainement demain ou après-demain, et qu’il suffirait d’appliquer le programme de tel ou tel parti politique (candidat aux prochaines élections) pour sauver la planète. Bien.

Certains meneurs ou suiveurs de cette protestation se font tantôt menaçants, promettant une inquisition judiciaire contre toute voix critique, tantôt méchamment sentencieux, prophétisant que ceux qui doutent sont forcément de vieux schnocks dont on sera débarrassé sous peu. Bien.

Mais il y a quelque chose qui cloche dans ce raisonnement. La presse nous a en effet révélé qu’à Genève, quelque 10'000 élèves avaient demandé des congés pour aller manifester, mais que seuls 5000 étaient réellement allés défiler dans la rue. Les autres en ont probablement profité pour aller à la piscine ou au cinéma.

Certains s’en émeuvent, d’autres en rient. Pour notre part, nous en tirons la conclusion qu’une partie substantielle de la jeunesse est encore capable d’un comportement rebelle et contestataire. Nous avons là des jeunes – pas des vieux schnocks, mais des jeunes! – à qui l’on affirme que leur monde va s’écrouler demain, ou après-demain, et eux s’en désintéressent. Peut-être même n’y croient-ils pas, malgré qu’ils ne sont pas encore de vieux schnocks. Peut-être se méfient-ils de l’unanimité médiatique. Peut-être ont-ils été ébranlés par certaines révélations selon lesquelles l’histoire de la jeune Greta Thunberg serait surtout liée à la promotion très industrielle et très capitaliste de certaines «technologies vertes». En réalité, on ne sait pas ce qui les a motivés, ni ce qu’ils pensent. Ces jeunes qui ont séché les cours (et les défilés) sans faire de bruit, on ne les a pas entendus. A quand une interview dans la grande presse ou au téléjournal? Quand adresseront-ils une lettre ouverte à La Nation, pour s’en expliquer?

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2117, 1er mars 2019)