Encore un coup de la vitamine E
Les prouesses de l'industrie pharmaceutique ne connaissent décidément pas de limites. En consultant récemment le mode d'emploi d'une boîte de capsules garantissant une bonne santé, une longue vie, beaucoup de bonheur, une météo clémente et la combinaison gagnante du loto, quelle ne fut pas notre surprise d'y lire la vertu de l'un des composants: «Antioxydante, la vitamine E peut intercepter les radicaux libres».
On imagine volontiers les séides de l'Etat au sein du grand vieux parti, fort marris d'avoir été évincés par quelques esprits décidément trop indépendants, tenter de reconquérir le pouvoir à l'aide de vitamines E spécialement conçues pour «intercepter les radicaux libres»...
Pourtant l'ambition gouvernementale d'éradiquer le libre-arbitre ne s'arrête pas aux membres du parti, mais à l'ensemble des citoyens-contribuables. En effet, laisser le Vaudois moyen choisir entre une mesure d'économie et une hausse d'impôt équivalente fait courir le risque qu'il se trompe. Tandis que si l'on demande au bon peuple de choisir entre l'impôt et l'impôt - ce sera le cas le 28 novembre prochain -, cela rend l'issue du scrutin plus facilement prédictible, moins aléatoire.
Ce procédé fait écho aux controverses apparues récemment sur la scène fédérale, où l'on se dispute pour savoir si le peuple souverain peut décider librement ou si son libre choix doit être «guidé» paternellement par des autorités forcément plus éclairées. Dans le cas vaudois, il n'y aura même plus besoin de convaincre les votants de «voter juste» puisque la possibilité de «voter faux» n'existera pas.
Et tout ça grâce à la vitamine E.
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 15 octobre 2004)
On imagine volontiers les séides de l'Etat au sein du grand vieux parti, fort marris d'avoir été évincés par quelques esprits décidément trop indépendants, tenter de reconquérir le pouvoir à l'aide de vitamines E spécialement conçues pour «intercepter les radicaux libres»...
Pourtant l'ambition gouvernementale d'éradiquer le libre-arbitre ne s'arrête pas aux membres du parti, mais à l'ensemble des citoyens-contribuables. En effet, laisser le Vaudois moyen choisir entre une mesure d'économie et une hausse d'impôt équivalente fait courir le risque qu'il se trompe. Tandis que si l'on demande au bon peuple de choisir entre l'impôt et l'impôt - ce sera le cas le 28 novembre prochain -, cela rend l'issue du scrutin plus facilement prédictible, moins aléatoire.
Ce procédé fait écho aux controverses apparues récemment sur la scène fédérale, où l'on se dispute pour savoir si le peuple souverain peut décider librement ou si son libre choix doit être «guidé» paternellement par des autorités forcément plus éclairées. Dans le cas vaudois, il n'y aura même plus besoin de convaincre les votants de «voter juste» puisque la possibilité de «voter faux» n'existera pas.
Et tout ça grâce à la vitamine E.
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 15 octobre 2004)