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Chaude ambiance

On a eu chaud cet été. Les gens qui se plaignent habituellement du froid en ont profité pour se plaindre de la chaleur. Les seuls à se réjouir ont été les médias, qui y ont vu une occasion (et pas une «opportunité», s’il vous plaît!) de «relancer le débat» sur le réchauffement climatique qui menace la survie de la planète. Des scientifiques et des chercheurs nous l’ont affirmé d’un air grave: cette fois, c’est (vraiment) le dernier moment, nous atteignons (vraiment) le «point de non-retour» et, cette fois, c’est vraiment pour de vrai. Sous-entendu: avant, on n’était pas tout-à-fait sûr, on exagérait parfois un peu, mais cette fois, promis, on est sûr que c’est vrai! Après la fausse fin du monde de Paco Rabanne en 1999, après la fausse fin du monde des Mayas en 2012 et après les multiples fausses fins du monde provoquées par le collisionneur de particules du CERN, la vraie fin du monde est donc pour tout de suite.

Le problème est que le citoyen lambda n’a fichtrement aucun moyen de savoir si c’est vrai. Peut-être que ça ne l’est pas, ou peut-être que ça l’est. Dommage qu’on ne trouve pas quelqu’un de crédible qui puisse nous expliquer quelque chose, sans qu’on n’ait l’impression qu’on cherche juste à nous vendre de la mauvaise conscience, des taxations massives et des interdictions en tout genre. («Que voulez-vous, mon bon monsieur, c’est pour la survie de la planète!»)

Ce qui est sûr, c’est que le climat chauffe surtout sur les réseaux sociaux et les forums internet, où des clans de gremlins surexcités et animés de certitudes absolues s’invectivent à qui mieux mieux, chacun pointant du doigt LE coupable du dérèglement climatique: le voisin qui roule en 4x4, le voisin qui gaspille de l’énergie, le voisin qui ne consomme pas local, le voisin qui ne croit pas aux changements climatiques, et aussi le gouvernement, Trump, Poutine, les Chinois, les pauvres, les riches, les industriels, les agriculteurs, les vaches… mais surtout le voisin, dont le comportement irresponsable, c’est certain, est directement responsable de la transformation de la Terre en rôtissoire.

C’est humain: plus les gens ont peur et moins ils sont aimables avec leurs prochains. Alors si les scientifiques, à tort ou à raison, continuent à jeter de l’huile sur le feu et à faire monter la température en alarmant la population mondiale, on peut être sûr que celle-ci aura achevé de s’entre-tuer bien avant que la planète ne devienne invivable.

Moralité: évitez de parler de la pluie et du beau temps avec vos voisins.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2103, 17 août 2018)