Tous mes articles

Le partenariat social est un facteur de prospérité

La critique de la libre circulation des personnes a récemment dégénéré en une attaque en règle contre le partenariat social et les conventions collectives. Pourtant ces dernières , depuis plus de trois quarts de siècle, contribuent à rendre la concurrence humainement acceptable, et donc l’économie plus stable.

Le trop et le trop peu, s’ils gâtent tous les jeux, n’en séduisent pas moins, hélas, une partie du monde politique. Tandis que la gauche persiste à rêver d’un Etat social qui déresponsabilise les individus, une partie de la droite semble céder à la tentation ultralibérale d’une concurrence dépourvue de règles. Telle est la réflexion qui vient à l’esprit en lisant les récentes attaques de l’UDC non seulement contre les mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes, mais aussi contre le partenariat social dans son ensemble.

Dans ses déclarations censées critiquer la libre circulation, le premier parti de Suisse s’en prend curieusement… à tout ce qui peut en atténuer les effets négatifs. Des reproches extrêmement durs sont adressés au principe même des conventions collectives de travail (CCT), ainsi qu’à tous ceux qui signent ces dernières: les syndicats bien sûr, mais aussi les associations patronales, accusées de profiter des «millions» que rapporteraient les accords professionnels. L’UDC s’offusque de ce que, aujourd’hui, «un salarié sur deux est soumis à une convention collective de travail». Selon Mme Martullo-Blocher, les CCT de force obligatoire «violent la volonté explicite du souverain helvétique»; elle justifie ses propos en expliquant que les Suisses ont refusé, il y a quelques années, les initiatives populaires qui revendiquaient un salaire minimum légal et six semaines de vacances pour tous. Cette argumentation est absurde puisque le rejet de ces initiatives était précisément fondé sur le fait que les salaires minimaux et les droits aux vacances doivent être réglés de façon différenciée dans des conventions collectives de branche!

Une première réaction «à chaud» de la part du Centre Patronal, défendant la nécessité et les bienfaits du partenariat social, a reçu de nombreux échos positifs. Même ceux qui partagent certaines préoccupations de l’UDC ne comprennent pas cet acharnement contre un des piliers essentiels de l’économie helvétique.

Le partenariat social repose sur une vision réaliste de la société et des communautés humaines, en opposition avec l’idéologie absurde de la «lutte des classes». En s’appuyant sur les CCT, il permet d’assurer une certaine cohérence des conditions de travail au sein des branches professionnelles, sur la base de décisions prises par les acteurs de chaque branche. Il évite ainsi que les travailleurs ne souffrent trop durement de la concurrence que se livrent les entreprises. En rendant cette concurrence acceptable, il contribue à rendre l’économie plus stable et plus solide.

Le partenariat social représente un facteur déterminant de la prospérité helvétique. Il mérite d’être entretenu et défendu.

Pierre-Gabriel Bieri, L'Agefi, 22 février 2018

Tags:   Centre Patronal  |  L'Agefi