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Etranges ingérences étrangères

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Le 31 janvier dernier, le Conseil fédéral, dans sa grande magnanimité, a daigné approuver la quatrième adaptation du plan directeur cantonal vaudois.

Quand on dit «approuver», il ne s’agit pas d’un simple stempel officiel indiquant «lu et approuvé». Non, l’acte en question comporte pas moins de seize points numérotés, sur trois pages de la Feuille fédérale, soulignant tel ou tel aspect jugé incomplet ou insuffisant et qu’il faudra corriger pour la prochaine fois, ou, mieux encore, retouchant la tournure rédactionnelle de tel ou tel paragraphe pour y modifier quelque subtile nuance! La «consultation» d’une instance fédérale devient une «coordination», «il s’agit» fait place à «il peut s’agir». Autant de détails qui changeront la face du monde et du territoire vaudois.

Et qui a rédigé ces insolentes corrections? Pas le Conseil fédéral, dont l’«approbation» s’est manifestement limitée à la validation distraite du travail effectué par un subalterne. Un subalterne que l’on imagine sous les traits d’un petit marquis d’un obscur office fédéral, disséquant le plan directeur vaudois comme on passe son petit doigt ganté de blanc sur le chambranle d’une porte pour y déceler quelque grain de poussière avec une moue désapprobatrice. Tel est le traitement humiliant réservé à la législation vaudoise, dont nous ne saurions exclure qu’elle mérite parfois les plus virulentes critiques (surtout lorsqu’elle cryogénise le développement de maintes communes et le travail de nombreuses entreprises), mais dont notre sang se coagule à l’idée qu’une administration étrangère y puisse changer une virgule.

Face à ce scandale, il nous tarde de pouvoir nous prononcer sur une initiative populaire qui s’intitulerait «Le droit vaudois au lieu des juges étrangers». A moins, bien sûr, que nous réussissions à convaincre les Vaudois d’abandonner leur insupportable amour des lois et de se comporter comme les Corses ou les Valaisans: dire oui à tout et continuer à faire comme on veut.

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Lorsque les Vaudois se seront débarrassés des juges étrangers, ils pourront s’attaquer à l’ingérence des journalistes étrangers (en particulier alémaniques) dans la politique cantonale. Mais ceci est une autre histoire…

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L’influence délétère des baillis alémaniques n’est pas seule à s’immiscer sournoisement dans la souveraineté territoriale vaudoise. En effet, on ne nous fera pas croire que la vague de froid «venue de Sibérie» qui a déferlé sur la côte lémanique fin février, quelques jours avant un scrutin cantonal important, n’a pas été déclenchée personnellement et intentionnellement par la plus haute instance du Kremlin.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2092, 16 mars 2018)