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Quand la prévention fait le jeu de l’islamophobie

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Les polices romandes ont diffusé récemment une nouvelle séquence vidéo destinée à lutter contre l’alcoolisme au volant. Le message, en substance, est radical: même un petit apéro, c’est déjà trop!

Nous sommes très surpris que cette promotion de la prohibition intégrale n’ait soulevé aucune protestation de la part des associations musulmanes.

Car enfin, le processus intellectuel qui associe tous les conducteurs qui ont bu un petit verre à des criminels en puissance est exactement le même que celui qui associe tous les musulmans à des terroristes en puissance. Dans l’espoir d’atteindre un objectif hyper-émotionnalisé («sauver ne serait-ce qu’une seule vie!»), on adopte des mesures extrêmes, on restreint drastiquement les libertés individuelles et on pointe du doigt une grande majorité de personnes respectueuses et ne causant aucun problème, dans l’espoir de lutter contre une petite minorité de voyous et d’idiots. On se sert de quelques cas isolés pour jeter l’opprobre sur tous. On empêche le monde de vivre dans l’espoir de sauver une vie.

De nos jours, ce genre d’amalgame grossier est systématiquement dénoncé par les ligues de vertu, qui manifestent un singulier acharnement à traîner les coupables devant les tribunaux populaires. Pourtant, lorsqu’il est question de conduite automobile, l’amalgame grossier est soudain toléré, admis, voire apprécié et encouragé. Tout le monde exprime sa béatitude: «Enfin un message fort qui fera réfléchir les gens!» Se peut-il que les lobbies automobiles et viticoles soient à ce point plus faibles que les autres?

D’ici peu, une batterie d’experts sobres et sinistres nous démontrera scientifiquement que la limite de 0,5 d’alcoolémie doit être abaissée à 0%, en même temps que la marge de tolérance en matière de vitesse sera elle aussi ramenée à 0 km/h. Avec un peu de chance, la probabilité de mourir dans un accident de la route et celle de périr dans un attentat s’inverseront. On mourra d’ennui, aussi, avec cette tranquille satisfaction qu’en cessant de vivre, on ne risquera plus de tuer quelqu’un.

Si en revanche quelques égoïstes sans scrupules veulent continuer à vivre, il faudra qu’ils songent à se bouger un peu et à se révolter. Alcool, islam, même combat!

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2087, 5 janvier 2018)