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Pas de quartier pour les légumes

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Dans le nord de la capitale, on a vu surgir récemment un nouveau quartier d’apparence agréable, formé d’une vingtaine de petits immeubles rangés en groupes de quatre. Les promoteurs sont en grande partie des collectivités publiques, en particulier la Ville de Lausanne.

On se serait presque laissé tenter par l’envie d’y chercher un bel appartement… jusqu’à ce qu’on tombe sur un papier de 24 heures chargé de glorifier cette nouvelle réalisation de la Municipalité Rouge, victoire du socialisme réel et aube de l’épanouissement du prolétariat. C’est du moins ce que l’on comprend lorsque l’article décrit des immeubles «symboles d’écologie, de mixité sociale et d’une qualité de vie promouvant l’entraide et la participation citoyenne». On apprend qu’une association des habitants du quartier a été créée et qu’elle s’occupe «principalement des jardins potagers et des locaux communautaires, le mot d’ordre étant toujours le "vivre-ensemble"». La présidente de l’association explique qu’elle a été «séduite par le concept d’écoquartier […] grâce aux relations entre les individus et également à la biodiversité qui y est présente». Elle «se mobilise pour que bientôt des légumes et des herbes sortent de terre». Les premiers «ateliers potagers» ont déjà été organisés. Un des participants déclare qu’il a été «séduit également par le concept d’écoquartier» et que «les gens se saluent tous ici». Il «souhaite apporter sa contribution à la nature ambiante». Un autre ajoute que «l’esprit y est positif et convivial». La journaliste termine son reportage en évoquant des habitants qui «déambulent allègrement à travers les potagers et les immeubles et mettent la main à la terre pour faire des Fiches Nord plus qu’un simple quartier prototype».

Beurk… Bienvenue au kolkhoze des bobos babas!

Les citoyens-cobayes sont prévenus. Vous n’avez pas de potes âgés? On vous transformera en légumes et vous passerez vos soirées dans des raves-partys. Car l’horripilant «vivre ensemble» ne se conçoit désormais qu’avec une couche supplémentaire d’ignominie: le «vivre ensemble dans un potager urbain». Le potager urbain représente aujourd’hui l’horizon indépassable du boboïsme. Mais aussi du survivalisme. La Municipalité Rouge aurait-elle également confié un mandat au sulfureux Piero San Giorgio?

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2070, 12 mai 2017)