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Le nouveau quotidien sera sûrement meilleur que le précédent

Le principal groupe de presse de Suisse romande ayant annoncé le prochain lancement d'un quotidien gratuit, certains esprits rétifs au changement ont préjugé qu'un tel journal ne pourrait être qu'un produit de médiocre qualité, indigne de la haute idée que les journalistes se font de leur métier. C'est une vision excessivement négative.

Tout d'abord, un journal médiocre, c'est toujours mieux qu'un journal mauvais. La moyenne générale de la presse pourrait remonter.

Ensuite, un journal gratuit possède une qualité intrinsèque que ses concurrents payants ne peuvent lui disputer: il est gratuit. Tant qu'à lire des âneries, autant ne les point payer.

Mais seront-ce des âneries? Un journal censé être lu en 20 minutes (plutôt que jeté à la poubelle en 10 secondes) doit se concentrer sur l'essentiel. C'est ce que fait La Nation chaque deux semaines (le propos du présent article n'étant pas d'ouvrir un large débat sur l'opportunité de la page littéraire). C'est aussi, paraît-il, ce que fera chaque jour le Matin bleu, en publiant des informations qui, à ce que l'on dit, pourraient ne pas être forcément assorties de commentaires et d'interprétations! Alléluia! Si l'on y songe, 20 minutes, cela ne laisse même plus assez de place pour l'incontournable et éprouvante litanie des interviews quotidiennes de tous les plombiers polonais qui répondent en souriant qu'ils ne veulent pas venir travailler en Suisse et de tous les plombiers suisses qui répondent en souriant qu'ils ne craignent pas l'arrivée de concurrents polonais (démontrant ainsi la totale inutilité d'un quelconque accord de libre-circulation entre ces deux pays).

En fin de compte, il faut avoir confiance dans le fait qu'un journal gratuit est entièrement financé par ses annonceurs publicitaires, ce qui réduit d'autant l'indépendance de la rédaction... et garantit ainsi une information relativement objective!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 30 septembre 2005)