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AVSplus: le cadeau que vous allez payer

L’initiative socialiste «AVSplus» réclame une augmentation uniforme de 10% des rentes AVS, afin, selon ses partisans, de compenser la diminution de celles du deuxième pilier.

Une telle revendication n’est pas réaliste. L’ensemble de la prévoyance vieillesse est actuellement mise sous pression par l’évolution démographique. Les retraités vivent de plus en plus longtemps et leur proportion augmente par rapport à celle des actifs. Le capital de deuxième pilier qu’ils ont accumulé durant leur carrière professionnelle est converti en rentes annuelles moins généreuses. L’AVS, quant à elle, verse des montants fixes, mais l’assurance doit puiser pour cela dans son fonds de réserve car les dépenses ne sont désormais plus couvertes par les recettes issues des cotisations. 320 millions de francs ont ainsi manqué en 2014, près de 580 en 2015, et le déficit risque d’atteindre près de 8 milliards d’ici une quinzaine d’années, rien que pour maintenir les rentes à leur niveau actuel. Si l’on augmente ces dernières de 10%, cela accélérera d’autant le naufrage financier.

Les auteurs de l’initiative jouent sur les frustrations de leur électorat: il y a plein de riches qui s’en mettent plein les poches, il n’y a qu’à les faire payer (encore davantage) pour que les petites gens profitent aussi! A cela, on peut répondre que, par principe, il n’est pas sain qu’une assurance soit financée par des taxes et des impôts plutôt que par des cotisations – même si c’est déjà en partie le cas de l’AVS. On peut aussi rappeler que «les riches» paient déjà des cotisations considérables; qu’ils bénéficieront d’une augmentation des rentes au même titre que les assurés plus modestes, ce qui ne correspond pas à l’objectif allégué. Mais surtout, sur le plan pratique, s’il faut trouver chaque année plusieurs milliards de francs supplémentaires, «les riches» n’y suffiront pas et il faudra forcément aller puiser dans la poche de tout le monde. En d’autres termes, et selon une logique assez socialiste, on finira par reprendre d’une main tout ce qu’on aura donné de l’autre… voire un peu plus.

A défaut de résoudre l’épineux problème de la prévoyance-vieillesse, on peut éviter d’y ajouter une grosse difficulté supplémentaire. Nous voterons NON.

(La Nation n° 2052, 2 septembre 2016)

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