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La dernière peau de banane

Un conseiller d’Etat, c’est comme une étoile filante

On dit parfois que les Vaudois, comme les Bernois, se dépêchent lentement. On dit aussi, par ailleurs, que notre système politique, fait de consultations et de consensus, manque de rapidité.

Eh bien, il n’en est rien! Du moins pour les dossiers les plus urgents. Et surtout lorsque la décision doit vite être prise avant le 21 avril, par exemple, pour laisser une peau de banane là où on est sûr de ne plus remettre les pieds. Ainsi vient d’être créé un poste à mi-temps de délégué contre le racisme et l’antisémitisme, rattaché semble-t-il au Département de Justice et police et des affaires militaires. Cela pour répondre «au souhait de la Commission fédérale contre le racisme qui estime ne pas pouvoir assumer ses tâches sans le soutien des cantons».

Un conseiller d’Etat, c’est comme une étoile filante: quand vous en voyez un (juste avant les élections, ou juste avant qu’il s’en aille), faites un vœu, et il se réalise aussitôt. Il suffit qu’une commission fédérale exprime un souhait, juste un souhait, et voilà que le Canton de Vaud, avant tous les autres, fournit un demi-fonctionnaire armé de pied en cap (dans la marge du communiqué de presse, j’ai dessiné un chevalier en armure, mais vous pouvez aussi imaginer un guerrier du futur avec pistolet laser), prêt à traquer la bête immonde qui rampe dans nos forêts.

Par cette nomination, le Conseil d’Etat souhaite «doter le canton des moyens de ses ambitions» (c’est-à-dire trouver dans le Canton les moyens de réaliser les ambitions de la Commission fédérale contre le racisme: c’est donc du fédéralisme) et «donner un signe clair tant à la Confédération qu’aux autres cantons». Peut-être aurait-il mieux valu, pour être politiquement correct, donner un signe clair et un signe foncé…

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 24 avril 1998)