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J’accuse Monseigneur Haas

Un évêque qui entre par une petite porte est un petit évêque

Voilà un homme sur lequel, depuis des années, toutes les radios et toutes les télévisions ont les yeux tournés. Voilà un homme qui vit avec une meute de journalistes hostiles à ses trousses. Un homme que l’on dit ultra-conservateur, donc très contesté, donc très critiqué, donc aussi très écouté.

A son arrivée au Liechtenstein, une foule nombreuse l’attendait. Pour le chahuter. Pour protester contre son arrivée. Mais aussi pour voir ce qu’il allait dire, ce qu’il allait faire. Il n’a rien dit. Il ne s’est pas montré. Il est entré dans l’église par une porte latérale, à la dérobée.

Don Camillo affrontait les troupes de Peppone au milieu de la place, et même il leur lançais des tables. Monseigneur Haas se réfugie dans son église en entrant par la petite porte, sans même lancer quelques tomates sur les manifestants. A Bracello, le curé travaillait au porte-voix. A Vaduz, l’évêque fuit les micros.

Etre ultra-conservateur, c’est bien, mais ce n’est pas tout. Etre très contesté, c’est encore mieux, mais ce n’est pas encore tout. Il faut profiter de cette contestation pour clamer haut et fort ce qu’on a à dire, sans se gêner puisque de toute façon on est déjà contesté. Tandis que si l’on ne dit rien, on finira par ne plus être contesté. Donc par ne plus être écouté. Et plus personne ne saura qu’on est ultra-conservateur.

Au fait, comment sait-on que Monseigneur est ultra-conservateur?

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 16 janvier 1998)