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Le cheval de Troie dans un bouchon

Voitura non grata. Encore un coup du TSOL

«La guerre de Troie n’aura pas lieu», proclame un nouveau slogan des Transports publics lausannois. Mais qui est le cheval de Troie? L’automobile ennemie qu’on veut empêcher de franchir les murs de la cité? Ou au contraire le bus subtil qui permet de se glisser en ville? Toujours est-il que les TL ont choisi l’arme fameuse des Grecs pour gagner cette guerre qui, selon eux, n’aura pas lieu…

Leurs ennemis implacables? Ce sont les véhicules privés, décrétés voitura non grata. Et tout le monde y passera. Même les VIP du CIO chargés de choisir le lieu des prochains JO, et qui ont sillonné Lausanne de palaces en palais pour aller boire des verres et s’acheter des cigarettes sous grande escorte policière («C’est à cause des Picaros, señor…»), même ces augustes personnalités, donc, ont eu affaire aux transports publics: à la Bourdonnette, les barrières du TSOL se sont offert le plaisir impertinent d’interrompre le convoi de douze limousines du président argentin Carlos Menem. N’avait qu’à prendre le métro…

Le cheval de Troie est lui aussi resté bloqué dans la circulation. Pour sensibiliser les automobilistes à cette question équestre, une phalange de dames vêtues et casquées en Grecques ont été envoyées un beau matin, armées d’un puissant matériel de propagande, au devant des véhicules qui attendaient justement de pouvoir entrer dans la ville. J’ai eu tout le loisir de les observer: dans la colonne, il y avait… mon bus.

A ce rythme-là, la guerre de Troie n’aura effectivement jamais lieu!

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 12 septembre 1997)