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Blanche Neige et les sept sages

Où la suppression de la clause cantonale profite aux parkings du centre ville

Par souci d’équilibre, pour limiter quelque peu l’influence des plus influents, pour donner à chaque Etat fédéré si ce n’est un siège du moins l’espoir d’un siège, pour toutes sortes de raisons qu’une certaine sagesse rendait évidentes, on avait autrefois institué cette règle: pas plus d’un conseiller fédéral par canton.

A l’aube de l’avant-dernière année du XXe siècle, des journalistes et autres gens bien pensants nous ont fait savoir que cette règle était obsolète et désuète, que la notion de canton était démodée, que seule la compétence des candidats devait compter. En réalité, tout le monde se fiche de la compétence des candidats et chacun spécule sur les futurs pourcentages de femmes, de Romands, de latins, de progressistes et d’autres espèces en vogue.

Et en réalité, les gens attachent toujours autant d’importance à la provenance d’un conseiller fédéral. Il n’y a qu’à voir les Valaisans, qui en ont un, les Jurassiens, qui n’en ont jamais eu, les Tessinois, qui risquent de perdre le leur. Qu’importe sa compétence, il est surtout la fierté de son canton.

Mais les gens ne savent pas transcrire la réalité en termes constitutionnels. Ils ont voté l’abolition de la clause cantonale, suivant bêtement les mots d’ordre de l’officialité et de la presse. Pour Le Matin, Barrigue dessina un homme pellant la neige pour «dégager l’accès au Conseil fédéral».

Ce trait d’humour n’a pas plu à Toutatis, et nous avons eu double ration de neige au cours de la nuit, d’un seul coup et jusqu’en plaine. Et encore triple ration la nuit suivante. Les candidats pourront peller pendant un moment.

C’est bien fait!

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 12 février 1999)