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Chocolat: le grand déballage

La chaleur rend-elle les journalistes rétifs au changement?

Elle croyait avoir fait un parcours sans faute. Une opération parfaitement dans le ton médiatique dominant. Elle avait présenté des formes et des couleurs résolument «novatrices», «décoiffantes», qui rompaient avec le conservatisme ambiant et marquaient la fin du chocolat de grand-papa. En vain. Depuis quelques semaines, les journalistes ne tarissent plus de critiques envers le fameux changement.

Il faut dire que nous sommes déjà en juillet, que l'enfer du foot devrait prochainement se terminer, que la guerre en Iran ne commencera probablement pas avant la rentrée, que les roches du Merapi et du Saint-Gothard semblent stables, que les rédactions cherchent donc quelques idées pour alimenter un feuilleton d'été et que le nom de Frigor vient tout naturellement à l'esprit lorsqu'on souffre de la canicule.

Remettons les choses à leur place. On accuse Mme Nelly Wenger d'avoir créé, avec la complicité d'un architecte prédisposé à la nouveauté, de nouveaux emballages tellement laids qu'ils n'emballent pas les consommateurs et les découragent même d'acheter du chocolat. Le raisonnement ne tient guère si l'on considère que les horribles emballages d'Expo.02 n'ont pas empêché des flots ininterrompus de visiteurs de se presser sur les arteplages.

Le second reproche concerne la quantité excessive de déchets laissée par ces nouveaux emballages. Une analyse globale de la situation montre pourtant que les décisions de Mme Wenger seront favorables à l'environnement. On sait en effet que «Tridel», la nouvelle usine lausannoise d'incinération, reçoit actuellement trop peu de déchets indigènes pour alimenter correctement ses fours et que des semi-remorques chargées de sacs poubelles doivent venir régulièrement depuis l'Allemagne pour fournir un volume suffisant de matériaux à brûler. De ce point de vue, les monceaux de papier et de plastique qui protègent désormais nos plaques de chocolat permettront sans doute de renoncer à ces transports internationaux absurdes et polluants.

La perspective de voir tous ces vilains emballages périr par le feu n'offre-t-elle pas une conclusion morale à cette histoire?

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 7 juillet 2006)