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Preuve par sept

Où la science démontre que les pigeons sont plumés

Au joli mois de mai, nous voterons sur une partie d’un projet appelé Etacom, ce qui n’est en soi pas très explicite. Les opposants désignent ça sous le nom de «machine à brasser les impôts communaux», ce qui nous en dit déjà un peu plus. Mais le cœur du centre du noyau de l’essentiel du problème reste néanmoins très complexe, composé qu’il est de questions fiscales, de capacités contributives, de valeurs de point d’impôt par habitant, de fonds de régulation et de fonds de péréquation, toutes choses que peu de gens savent expliquer et que personne ne comprend vraiment.

Faute de maîtriser le sujet, les citoyens lambdas chargés de répondre par oui ou par non résument leur dilemme dans la question suivante: combien est-ce que ça va nous coûter? Experts et profanes se perdent en conjectures, certains disent: «rien!», d’autres: «beaucoup!», d’autres encore affirment que certains y gagneront et que d’autres y perdront, tandis que les plus pessimistes assurent que tout le monde passera à la casserole.

Heureusement, voilà qu’une réponse lumineuse, évidente, irréfutable, rigoureusement logique et scientifique nous a été apportée par… le Conseil d’Etat du Canton de Vaud. Nos sept ministres, qui utilisent généralement leur temps et nos impôts à se chamailler, à se quereller, à se disputer et à s’octroyer des thérapies de groupe, ces sept magistrats dont personne ne se souvient qu’ils aient jamais été d’accord sur quoi que ce soit, indépendamment des personnes en fonction, ont annoncé ensemble, d’une seule voix et en se tenant par la main sans l’aide d’un médiateur, leur unanimité à soutenir le projet Etacom.

C’est la preuve par A+B que l’opération vise à nous plumer.

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 7 avril 2000)