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La bonne fête et la mauvaise fête

Où l’on apprend que le multiculturalisme de 1968 est dépassé!

La «Fête à Lausanne» est l’une des grandes bastringues bruyantes qui paralysent la capitale vaudoise tous les samedis et distraient le bon peuple des affaires politiques. Le Temps du 4 juillet nous apprend qu’à l’origine, elle avait été créée pour les sociétés locales de la ville, qui s’en sont aujourd’hui détournées. Et que désormais, ce sont plutôt les communautés étrangères qui y tiennent le haut du pavé, ce que tout un chacun peut facilement vérifier.

Vous croyez sans doute que, sous la plume d’un journaliste bien élevé, la présence de folklore portugais, italien, brésilien ou autre ne peut susciter que des éloges? Eh bien non. Le journal des mutations toujours plus rapides, des synergies et de l’aube du XXIe siècle ne peut pas s’accommoder d’une manifestation antédiluvienne. Or la «Fête à Lausanne» date de… 1968! Et son responsable permanent a maintenant… 68 ans. C’est fou ce que les jeunes vieillissent vite! Et puis cette fête est jugée «mollachue», elle «ronronne» – terme codé qui signifie «complètement nulle» – parce que la police n’a quasiment plus besoin d’intervenir pour ramasser les blessés et les ivrognes. Y a plus d’ambiance, quoi!

Heureusement, la Municipalité a nommé une nouvelle équipe qui va cette fois révolutionner les rues définitivement impraticables de la ville. Et le journaliste du Temps prononce son verdict: «Pour se sauver, la Fête à Lausanne n’a pas d’autre solution que de jouer la carte multiculturelle.»

Nous avons donc, d’un côté, la mauvaise fête: elle est multiculturelle, certes, mais c’est une mauvaise fête. Et de l’autre, la bonne fête: c’est une bonne fête justement parce qu’elle est multiculturelle. Et toutes ces inepties occupent une pleine page d’un quotidien. Dommage, on aurait pu mettre de la publicité à la place,

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 28 juillet 2000)