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GSsA XXI

A qui l’armée? – A qui la voudra…

On connaissait déjà des citoyens helvétiques se répandant en imprécations contre «les Suisses» renfermés, isolés, frileux ou racistes. On avait aussi vu des écologistes dûment motorisés pester contre «les automobilistes» pollueurs et destructeurs de la nature. L’Hebdo du 15 juillet porte à notre connaissance un nouveau cas: celui du jeune officier qui a choisi de grader pour «ne pas laisser l’armée aux seuls militaires».

A qui alors? Aux garagistes? Aux chimistes? Aux pianistes? Aux alpinistes? Aux cruciverbistes? Aux skieurs du Conseil fédéral? Aux espions-comptables? Aux journalistes fouineurs? Aux chômeurs engagés comme officiers-instructeurs? Aux horlogers de la société américaine Swiss Army Brands, Inc, qui commercialise des montres portant le label «Swiss Army»?

Hélas, l’ancienne armée, celle où l’on devait tourner les poils de sa brosse à dents du bon côté, «l’armée de papa» comme l’écrivent les journalistes, cette armée était décriée, critiquée, abhorrée par tout ce que le pays compte d’intellos gauchistes, mais dans l’autre moitié de la population, on trouvait toujours du monde pour y croire et pour y faire carrière. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle armée, taille XXI, moderne, en devenir, avec moins de discipline et plus de technologie, avec des hélicoptères en Albanie et des représentants auprès du haut commandement de l’OTAN, une armée plus professionnelle, mais qui n’intéresse plus personne.

Je crois que je vais m’inscrire au Groupe pour une Suisse sans armée. Histoire de ne pas le laisser aux seuls antimilitaristes.

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 27 août 1999)