Non à ceux qui disent oui!
«Nous ne sommes pas des Neinsager!» On a pu lire ce piteux aveu dans le journal d'un grand club automobile helvétique, dont le président central se félicitait de pouvoir répondre ainsi à un quotidien qui suspectait le club de vouloir s'opposer à un projet de la Confédération.
Ledit président central s'était fait remarquer jusqu'à présent, du moins en public, par son étonnante capacité à donner de longues interviews dans lesquelles il parvenait à ne pas lâcher la moindre information concrète, se contentant d'évoquer sans les décrire les importantes réformes qui donneront un nouvel élan au club et le prépareront à affronter les défis à venir Pour une fois où nous avons droit à un message substantiel, il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer.
L'affaire est la suivante: après le fonds d'infrastructures ferroviaires financé en partie par les automobilistes, la Confédération veut maintenant créer un fonds d'infrastructures routières dont une partie servira à financer des projets ferroviaires! Les dirigeants du club automobile, tout en exprimant quelques réserves et en affirmant que cela devait rester exceptionnel, ont décidé d'approuver ce nouveau scandale. Et c'est ce «oui» qui leur permet aujourd'hui d'afficher leur bonne conscience: «Nous ne sommes pas des Neinsager!»
Un syndicat, un lobby, une organisation chargée de défendre des intérêts n'ont pas pour vocation d'avoir l'air gentil et conciliant au moment où on leur marche sur les pieds! Depuis des années, les usagers de la route se font plumer par les partisans des transports publics, depuis des années, les exceptions se suivent avec une régularité métronomique, et l'on se félicite aujourd'hui de ne pas avoir cédé à la tentation de dire non Peut-être fallait-il dire oui pour éviter de faire échouer l'entier du projet. Mais alors on le dit. On dit que c'est un scandale, on dit qu'on est fâché. On dit qu'on n'a pas pu dire non, mais que ce n'était pas faute d'en avoir envie! On ne dit pas: «Nous ne sommes pas des Neinsager!»
(Le Coin du Ronchon, La Nation, 18 août 2006)
P.S. Plus récemment, le club automobile dont il est question ici a réussi à aggraver encore son cas en affirmant, avec une naïveté politique déconcertante, que «quand la Confédération assumera seule la gestion des chantiers autoroutiers, les travaux avanceront encore plus vite». Et quand ce sera Bruxelles, il n'y aura même plus de travaux?
Ledit président central s'était fait remarquer jusqu'à présent, du moins en public, par son étonnante capacité à donner de longues interviews dans lesquelles il parvenait à ne pas lâcher la moindre information concrète, se contentant d'évoquer sans les décrire les importantes réformes qui donneront un nouvel élan au club et le prépareront à affronter les défis à venir Pour une fois où nous avons droit à un message substantiel, il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer.
L'affaire est la suivante: après le fonds d'infrastructures ferroviaires financé en partie par les automobilistes, la Confédération veut maintenant créer un fonds d'infrastructures routières dont une partie servira à financer des projets ferroviaires! Les dirigeants du club automobile, tout en exprimant quelques réserves et en affirmant que cela devait rester exceptionnel, ont décidé d'approuver ce nouveau scandale. Et c'est ce «oui» qui leur permet aujourd'hui d'afficher leur bonne conscience: «Nous ne sommes pas des Neinsager!»
Un syndicat, un lobby, une organisation chargée de défendre des intérêts n'ont pas pour vocation d'avoir l'air gentil et conciliant au moment où on leur marche sur les pieds! Depuis des années, les usagers de la route se font plumer par les partisans des transports publics, depuis des années, les exceptions se suivent avec une régularité métronomique, et l'on se félicite aujourd'hui de ne pas avoir cédé à la tentation de dire non Peut-être fallait-il dire oui pour éviter de faire échouer l'entier du projet. Mais alors on le dit. On dit que c'est un scandale, on dit qu'on est fâché. On dit qu'on n'a pas pu dire non, mais que ce n'était pas faute d'en avoir envie! On ne dit pas: «Nous ne sommes pas des Neinsager!»
(Le Coin du Ronchon, La Nation, 18 août 2006)
P.S. Plus récemment, le club automobile dont il est question ici a réussi à aggraver encore son cas en affirmant, avec une naïveté politique déconcertante, que «quand la Confédération assumera seule la gestion des chantiers autoroutiers, les travaux avanceront encore plus vite». Et quand ce sera Bruxelles, il n'y aura même plus de travaux?