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Par la barbe de l'évêque! - Minarets et parabole

En cette saison de champignons, ce sont plutôt des minarets qui semblent vouloir pousser un peu partout chez nous. Des projets sont en cours dans de nombreuses villes de Suisse alémanique où les imams locaux, qui se réclament évidemment tous d'un islam «tolérant» et «modéré», revendiquent des droits architecturaux égaux à ceux des églises chrétiennes. La perspective de voir des mosquées se dresser bientôt un peu partout inquiète la population mais jouit en revanche de l'approbation bienveillante d'une ribambelle de magistrats, de juristes et bien entendu d'ecclésiastiques complexés par leur foi.

Ainsi l'évêque de Bâle Kurt Koch s'est fait un point d'honneur de déclarer dans la presse que la construction de minarets ne lui posait aucun problème, que ces édifices devaient avoir la même valeur que le clocher d'une église et que la réprobation populaire constituait un signe inquiétant de xénophobie.

En lisant ces propos, certains traditionalistes regretteront sans doute les bûchers sur lesquels on brûlait autrefois les hérétiques – pratique aujourd'hui proscrite à cause des émissions de CO2. Il faut cependant reconnaître les mérites de Monseigneur Koch, et notamment son intelligent souci de prévoyance professionnelle. En effet, réalisant qu'il maîtrise mieux les salamaleks que le cathéchisme et qu'il ne pige de toute manière pas la différence entre Dieu, Mahomet, Jahvé ou Bouddha, il réfléchit déjà à la manière dont il devra gagner son pain le jour où l'islam sera devenu la religion officielle et qu'aussi bien Miss Suisse que les conseillères fédérales seront obligées de sortir voilées. Lorsque ce temps sera arrivé et qu'aucun chien n'osera plus regarder notre évêque, ce dernier, après avoir abandonné sa soutane et s'être laissé pousser la barbe, pourra aller trouver nos nouvelles autorités religieuses et leur rappeler son passé de collaborateur afin de quémander quelque poste de grand mufti provincial.

La Bible ne raconte-t-elle pas la parabole de l'économe infidèle qui traitait secrètement avec les débiteurs de son maître «pour qu'il y ait des gens qui le reçoivent dans leurs maisons quand il serait destitué de son emploi»? Et le maître «loua l'économe infidèle de ce qu'il avait agi prudemment». C'est rageant mais c'est ainsi.

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 15 septembre 2006)