Tous mes articles

Boucs et mystères

Illustration

En Allemagne, un demandeur d’asile syrien mort de faim et de froid après avoir attendu plusieurs jours dans la neige devant un centre d’enregistrement… est réapparu ensuite bien vivant, en expliquant sur Facebook qu’il s’agissait d’un mensonge suite à une soirée trop arrosée. En France, un enseignant a affirmé avoir été poignardé par un agresseur se réclamant de l’Etat islamique, puis s’est rétracté et a avoué s’être blessé tout seul, puis s’est re-rétracté en maintenant qu’il avait été agressé.

Décidément, de nos jours, on ne sait plus à qui se fier!

Plus près de chez nous, un humoriste lausannois, M. Thomas Wiesel, a tenu à exprimer dans la presse son poignant désarroi lorsqu’il a constaté que son compte Facebook avait été bloqué «après la publication d'une vidéo qui égratignait l'UDC». Le blocage n’a toutefois duré que du samedi soir au dimanche matin et le réseau social a envoyé un message d’excuse en évoquant une erreur. Un non-événement, donc, au point que certains internautes «le soupçonnent d'avoir monté l'affaire en épingle pour faire le buzz».

Mais l’artiste et ses amis journalistes sont persuadés qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence et que des «personnes mal intentionnées» ont dénoncé la vidéo pour la censurer – une pratique mesquine et indigne qu’aucun militant de gauche ne se permettrait. A-t-on jamais vu Facebook bloquer le profil d’un membre de l’UDC? Ah! si, celui du conseiller national Christoph Mörgeli en septembre dernier, après dénonciation par une «personne anonyme»… Mais ça n’a rien à voir, ne mélangeons pas tout! Lorsque des ministres européens réclament la fermeture des comptes politiquement incorrects sur les réseaux sociaux, ce n’est pas de la censure, juste de l’ordre public.

Reste donc ce soupçon: Facebook fait-il le jeu de l’UDC? Et Mark Zuckerberg a-t-il délibérément tenté de briser la carrière si prometteuse de Thomas Wiesel?

Bien sûr, on peut douter que l’UDC ait un quelconque intérêt à bloquer les productions de ses adversaires. Au contraire: plus les artistes de rue et les journalistes de salon diffusent des reportages anti-UDC, des interviews anti-UDC, des chansons anti-UDC, des poèmes anti-UDC et des porte-clés anti-UDC, plus ce parti gagne en popularité.

Il y a pourtant un indice qui ne trompe pas – mais que même les plus fins limiers de la presse romande semblent avoir négligé jusqu’ici: qui dit Face-de-bouc dit bouc, et qui dit bouc dit… Zottel, l’ex-mascotte de l’UDC. Ça ne peut tout de même pas être une coïncidence!

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2037, 5 février 2016)