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Selon que vous serez socialiste ou misérable…

Les socialistes veulent introduire des primes d'assurance-maladie proportionnelles au revenu des assurés, ce qui signifie que les pauvres continueront de ne rien payer et que les riches – comprenez tous ceux qui gagnent leur vie sans subventions étatiques – paieront beaucoup plus cher qu'aujourd'hui. Nous voterons dans trois mois sur cette intéressante proposition, qui encouragera les indigents à fréquenter les hôpitaux et les gros contribuables à aller se faire voir ailleurs.

Mais le socialisme n'attend pas. Dès janvier déjà, bon nombre d'infractions au code de la route seront sanctionnées d'amendes elles aussi proportionnelles au revenu. Les «démunis» écraseront des piétons avec la conscience et le portefeuille tranquille, tandis que les «nantis», en plus d'être pressurés par le fisc et bientôt par l'assurance-maladie-sécurité-sociale, devront débourser des sommes sans rapport avec la gravité des infractions commises mais calculées d'après leur statut social. Un directeur ayant grillé un feu rouge deviendra une aubaine inespérée pour l'Etat – ce qui constituera un motif supplémentaire pour ne jamais griller les feux rouges. Pensez-y en prenant le volant: lever le pied et respecter les lois représente un acte de résistance civique. (Et pensez à vos clignotants, nom de bleu: cette manie de ne jamais les enclencher est insupportable!)

Pour continuer selon les mêmes principes, il faudra aussi, à l'avenir, moduler le prix du kilo de pain, du parcomètre, du billet de cinéma et de la minute de téléphone en fonction de la situation financière de chaque acheteur. Le plus étonnant est que tout cela ne sert guère les intérêts de l'électorat socialiste, largement composé de citoyens aisés occupant des postes importants dans les administrations et les entreprises publiques, et touchant à ce titre des salaires confortables. Le masochisme serait-il une valeur de gauche?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 8 décembre 2006)