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La presse est libre, hélas...

Trois journalistes alémaniques qui avaient publié un document confidentiel – après même un premier avertissement qui les informait de ce qu'ils risquaient – ont finalement été acquittés par le tribunal militaire devant lequel ils comparaissaient. Le petit monde médiatique a bruyamment exulté.

Les citoyens lambda, ceux qui risquent réellement d'être condamnés lorsqu'ils enfreignent le droit, se sont sans doute interrogés sur les raisons de cette mansuétude. Ils se sont certainement demandé si les juges n'avaient pas cédé à des pressions extérieures, celles de la rue où les journalistes avaient rassemblé leurs amis manifestants, ou celles des médias eux-mêmes dont on connaît l'impact que peuvent avoir quelques articles habilement tendancieux. La question qui taraude les esprits est: les journalistes constituent-ils définitivement une caste au-dessus des lois?

La réponse se trouve à l'article 17 alinéa 1 de la Constitution fédérale, qui affirme que la liberté de la presse est garantie. La presse est donc libre, donc libre de faire ce qu'elle veut, comme elle veut, quand elle veut. Libre de respecter les lois qui lui plaisent. On attend que d'éminents juristes se penchent sur la question de savoir si les journalistes sont aussi libres de respecter ou non le code de la route.

A ce propos, on se souvient qu'au début de cette année, lorsque la Radio et la Télévision suisse romande s'acharnaient avec délectation sur le cas d'un gendarme vaudois ayant testé illégalement un radar à haute vitesse, on avait entendu dire qu'un cadre supérieur de la SSR venait justement de se faire «pincer» pour une infraction grave – sans que cette information n'ait bien sûr transpiré sur aucune chaîne publique. Mais peut-être cette nouvelle était-elle classée confidentielle? Heureusement, on sait maintenant qu'on ne risque rien à divulguer des informations confidentielles.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 27 avril 2007)