J'observe donc je suis
De l'importance des statistiques pour justifier son existence
Le Temps du mardi 8 décembre nous apprend que «le racisme a progressé en Europe en moins de dix ans. Selon l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes, mis sur pied en juillet dernier, les 41% des Européens interrogés déclarent en 1997 trouver trop nombreuses les personnes d'une minorité ethnique, d'une autre nationalité, religion ou culture vivant dans leur pays, contre 37% en 1989.»
Ce qui nous amène tout naturellement aux considérations suivantes:
1) ce qui a évolué au cours de ces dernières années, plus que le racisme lui-même, c'est surtout la définition du racisme, telle qu'on peut la lire ici. Désormais on ratisse large. On y est obligé, car seule l'observation d'un nombre croissant de phénomènes peut justifier l'existence d'un observatoire.
2) un organisme créé au milieu de cette année publie des statistiques portant sur dix ans. Il faut croire qu'il a pu trouver ces chiffres auprès d'un autre organisme, qui fait peut-être déjà le même travail. Face à la bête immonde, deux observatoires valent sans doute mieux qu'un…
3) les journalistes du sinistre quotidien n'apprennent toujours pas à s'exprimer en bon français et se contentent d'écrire en petit… euh… en petit homme de couleur !
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 18 décembre 1998)