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La femme, cette victime

En lisant notre principal quotidien vaudois en date du 4 juin 2007, nous apprenons qu'une illustre inconnue a été nommée présidente des Verts vaudois il y a exactement une année, afin de donner plus de visibilité au parti.

Dans le même article, nous apprenons que le bureau du parti a prié cette dame de ne pas se représenter cette année à la présidence. «Personne ne m'a vraiment dit pourquoi», confie-t-elle au journaliste.

Si cette dame avait été un homme, elle aurait dû se poser des questions sur son éventuelle incompétence. Ou on les lui aurait posées. En tant que femme, elle n'a pas ce souci d'introspection. Il lui suffit de déclarer: «Je pars victime des pièges qui guettent les femmes en politique. (…) J'ai profondément ressenti ce que les politologues spécialistes nomment "la peine pour les femmes à trouver l'équilibre entre visibilité et invisibilité" (…).» Elle voudrait ajouter: «J'avais pris trop de place, je gênais mes collègues.» Dans un accès de modestie, elle laisse le journaliste le dire à sa place, sous forme de questions. Elle insiste quand même une dernière fois: «C'est bien sûr plus difficile lorsqu'il y a concurrence directe pour le poste que vise aussi un homme.»

Un homme aussi, dans une telle situation, aurait eu le réflexe de chercher des boucs émissaires. Mais il aurait été obligé de les chercher, puis de les trouver. Il n'aurait pas pu se contenter de faire valoir sa seule qualité d'homme pour être reconnu comme victime. C'est en cela que le monde est beaucoup plus facile pour les femmes. Et c'est vraiment trop injuste.

(Le Coin de Ronchon, La Nation du 8 juin 2007)