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Démocratie: jamais deux fois!

La démocratie est basée sur le principe selon lequel le peuple a toujours raison lorsqu'il s'exprime dans le sens voulu par les médias. Si le peuple vote «faux» (c'est-à-dire juste), c'est qu'il n'a pas été suffisamment informé. On lui explique alors encore une fois les choses avant de lui faire repasser l'examen. Jusqu'à ce qu'il vote «juste» (c'est-à-dire faux). Une fois que c'est fait, on dit que «la volonté populaire s'est clairement exprimée» et on ne demande plus l'avis de personne sur le sujet en question.

On peut en tirer le principe mathématico-institutionnel suivant: on ne devrait jamais voter deux fois sur le même sujet. Les mauvais résultats ne se rattrapent en effet jamais, tandis que les bons sont toujours trop fragiles pour être exposés au risque d'un retournement de situation.

Il en va de même pour les élections: deux tours, c'est certes deux tours de trop, mais c'est aussi un tour de trop dans une optique trivialement démocratique. Les Vaudois viennent d'en faire la cruelle expérience avec l'élection de leurs représentants au Conseil des Etats: les journalistes qui «tiraient la gueule» au soir du 21 octobre ne parvenaient plus à contenir leur joie trois semaines plus tard, rivalisant d'exclamations laudatives pour saluer l'élection inattendue et contre nature de deux politiciens de gauche. (Et la vérité est que cette satisfaction des journalistes nous a davantage affligé que celle des candidats élus!) On aurait dû s'en tenir aux premiers résultats et ne pas tenter le diable…

Après un tel résultat électoral, on ne peut hélas plus rien refuser aux socialistes. Il faut, sans tarder et sans rechigner, accéder à leurs revendications. A commencer par celle, souvent entendue, de supprimer le Conseil des Etats.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 23 novembre 2007)