Tous mes articles

M2 et petits pains

Les Vaudois ont donc inauguré leur première ligne de métro, laquelle, logiquement, porte le numéro 2. L'événement a été fêté avec toute la fierté dithyrambique et maladroite de ceux qui manquent de confiance dans leur véritable grandeur; il a été récupéré et instrumentalisé par les ayatollahs de la mobilité douce; chacun s'est précipité pour découvrir ce nouveau moyen de transport. Ç'aurait pu être une raison de ne pas y aller, par esprit de contradiction. Ou alors, pour contredire l'esprit de contradiction, d'y aller quand même, juste pendant une petite heure.

Dans l'ensemble, c'est une belle réalisation. Surtout les stations souterraines, intéressantes à défaut d'avoir le charme compliqué et mystérieux des dédales du métro parisien. L'inspiration parisienne transparaît en revanche dans la pédanterie avec laquelle on a affublé la station de la place de la Riponne du nom de «Maurice Béjart»; on ne voit pas le rapport. Un de nos amis, qui habite tout près, réclame le droit d'y ajouter son nom. Où irait-on si chaque arrêt devait porter le nom des personnes du quartier?

Pour ce qui est des trains, eh bien, comme diraient certains, c'est juste un métro. On y est obligatoirement coincé au milieu de gens que l'on n'aurait pas forcément choisi de côtoyer d'aussi près. Chaque démarrage donne lieu à une violente secousse, certes utile pour caler les voyageurs mais dont on s'étonne que l'électronique moderne ne puisse la corriger.

Un autre sujet d'étonnement est la vitesse des convois, ou plus exactement leur lenteur. A la montée, le trajet donne l'impression d'être presque aussi rapide qu'en voiture. A la descente, c'est beaucoup plus lent. Un peu plus rapide qu'à pied, mais beaucoup moins qu'en voiture (si l'on excepte les heures de pointe où l'on n'a de toute façon pas envie de descendre en ville). Il paraît que c'est la faute de l'administration fédérale qui a catalogué le M2 comme un train à crémaillère; on le croit volontiers mais c'est tout de même un peu frustrant et l'on se demande si, tant qu'à construire de si beaux tunnels, on n'aurait pas dû plutôt y laisser circuler les voitures.

Enfin, on constatera que si notre nouveau métro n'a encore écrasé personne, il a en revanche totalement éclipsé les autres animations prévues pour la «semaine de la mobilité», y compris le fameux «petit pain de la mobilité» que le kolkhozien moyen était invité à aller chercher à pied à la boulangerie la plus proche. Pour préserver sa santé sans trop se fatiguer. Et pour la plus grande confusion des élèves auxquels les diététiciennes étatiques interdisent désormais ce genre de douceurs, très mauvaises pour la santé.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 1846, 26 septembre 2008)