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La critique d'Ueli Maurer que vous ne lirez que dans La Nation

M. Ueli Maurer est le nouveau président de la Confédération. C'est un honnête conseiller fédéral, travailleur et discret, pas très médiatique, pas très haut en couleurs, un peu terne comme doivent l'être normalement les conseillers fédéraux. M. Maurer est un président «normal» – mais en beaucoup mieux que l'autre. Et de toute manière, il ne restera président qu'une année avant de transmettre cette charge à un autre de ses collègues.

Mais M. Maurer est de l'UDC. Or les journalistes détestent l'UDC. En outre, il dirige le département en charge de l'armée. Or les journalistes détestent l'armée. Qui plus est, il doit veiller à ce que la Suisse remplace ses anciens avions militaires par des nouveaux. Or les journalistes détestent les avions militaires. Voilà donc des raisons suffisantes pour que M. Maurer soit vilipendé et ridiculisé dans tous les journaux: on se moque de ce qu'il dit, de ce qu'il ne dit pas, de ce qu'il fait, de ce qu'il ne fait pas, de ce à quoi il ressemble et de ce à quoi il ne ressemble pas. La notion de dignité humaine n'existe pas lorsqu'il s'agit de l'UDC.

La Nation a décidé de se joindre à cet élan de dénigrement. En effet, M. Ueli Maurer, qui à l'instar de la plupart des politiciens fédéraux ne s'intéresse pas vraiment au fédéralisme, a annoncé qu'il soutiendrait la révision de la loi sur l'aménagement du territoire soumise à votation le 3 mars prochain. Cette révision renforce la mainmise des fonctionnaires fédéraux sur l'aménagement du territoire des cantons; ces derniers auront plus de difficulté à construire les logements dont ils ont un urgent besoin et ils se retrouveront davantage mis sous tutelle par de lointains technocrates sous prétexte que «certains cantons» auraient fait des choix malheureux; un peu comme si l'administration venait réglementer l'ameublement de votre salon sous prétexte que l'un ou l'autre de vos voisins aurait manqué de goût dans sa décoration d'intérieur.

C'est donc à une centralisation et à une dépossession des libertés cantonales que M. Maurer prête la main, probablement pas par méchanceté mais parce qu'il ne voit pas où est le problème. En disant cela, nous rejoignons exceptionnellement les avis peu flatteurs émis par la grande presse.

Ce qui nous surprend et nous déçoit, c'est que cette même grande presse, lorsqu'elle a relaté ce soutien du nouveau président de la Confédération à la révision de la loi sur l'aménagement du territoire, a très curieusement oublié de se moquer de lui…

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 14 décembre 2012)